La nouvelle communication de blueEnergy

3 août 2009

Comme la plupart des associations, BlueEnergy vit de dons faits par des particuliers ou des organisations publiques (banque mondiale, nations unies, …). Pour attirer ces dons, il faut inspirer confiance, donner envie, faire rêver. Jugeant nécessaire de renouveler une image désuète,  l’association récemment décidé de revoir sa stratégie de communication.

Une campagne réalisée pour CNN présentait le chef de blueEnergy, Mathias Craig, aux côtés d’un ravissant enfant créole tout sourire, avec une turbine éolienne en fond. L’édifiante scène portant comme slogan, “la energia limpia y renovable es una realidad en Nicaragua” (version locale, en français: les énergies propres et renouvelables sont une réalité au Nicaragua), est restée longtemps affichée dans notre atelier.

Mais, à l’heure des essais nucléaires de la Corée du nord, de la menace Iranienne et de la crise économique mondiale,  les enfants heureux ne font plus rêver. Le monde devient bipolaire, manichéen. Le bailleur de fond attend un engagement politique. Les valeurs de héroïsme martial reviennent à l’ordre du jour, le bailleur de fond réclame du risque, de l’action.

Tachant de répondre à ces attentes, l’association a entièrement repensé sa campagne. Exit la turbine à papa faite en matériaux sortis d’une décharge. On remplace par du panneau solaire high tech, en silicium, importé de Chine: nanotechnologies et mondialisation, c’est toujours du renouvelable mais c’est quand même plus chic dans un dossier de presse. Exit aussi la photo couleur et les faciès joviaux, la situation mondiale ne prête pas à sourire bêtement, on fait désormais dans le dramatique. Enfin, idée de génie de notre équipe d’experts en communication:  à l’occasion de l’anniversaire des 30 ans de la révolution Nicaraguayenne, blueEnergy a demandé trois révolutionnaires sandinistes de poser pour leur campagne, en vantant les mérites des énergies renouvelables. Le résultat est un carton, les financements ne devraient pas tarder à pleuvoir. Lire le reste de cet article »

Une nouvelle née à blueEnergy

1 juillet 2009

Elle est venue au monde le 10 mai 2009, et a commencé à battre des ailes sous l’œil attendri des heureux parents qui venaient de la hisser au ciel. On l’a appelée blueDiamond 4. En principe, c’est la dernière de la série, le modèle final, la version commerciale qu’on dupliquera à l’infini quand nous aurons trouvé où installer nos turbines (c’est un détail). Mais je sens déjà pointer la question habituelle: d’où viennent les turbines? Si elles sont parfois importées par de grosses cigognes dans nos pays, ce n’est pas le genre de la maison. Quelques images de la naissance…

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Taa nsulaing rama kuup alkwsi?

5 juin 2009

Dans la baie de Bluefields à quelques heures de navigation au sud se trouve une île minuscule sur laquelle vivent les Ramas (1). Les Ramas, peuple indigène de la côte caraïbe à la langue menacée d’extinction (2). D’illustres linguistes se battent pour sa sauvegarde, en particulier la mère des fondateurs de blueEnergy dont le premier projet de turbine était destiné aux Ramas. Comme la baie de Bluefields est petite!

Il existe à Bluefields un projet de revitalisation de la langue Rama, avec un centre où sont dispensés des cours pour tous ainsi qu’une partie portant sur la musique Rama. J’ai proposé mes services de mélomane en appui. Et me voilà embarqué dans le projet, avec Maïté, autre volontaire travaillant dans l’équipe sociale de blueEnergy et en intérim au projet Rama. Dans l’espoir de collecter des musiques et chansons traditionnelles nous nous embarquons un samedi dans un cayuco (canot creusé dans un tronc d’arbre, très instable!) pour Rama Cay, muni d’un enregistreur, de hamacs et de ma guitare (on ne sait jamais…).

Après deux heures, l’île apparaît: une petite touffe de palmiers, manguiers et arbres à pain d’où dépassent quelques maison. Cette île, bien que surpeuplée (plus de 2000 personnes y vivent!), est la terre sainte du peuple Rama, et les gens continuent à s’y entasser. Les habitations sont similaires aux autres communautés alentour: cases de planches sur pilotis recouvertes de tôle ondulée, contenant en général deux ou trois pièces.

De blog

Arrivee sur l ile. Maisons, cayuco et toilettes pas seches.

 

Quand nous arrivons tout le monde nous observe par les portes ou fenêtres. Ici, tout se sait vite. Nous posons nos affaires chez notre hôte et il nous mène chez Bidwell, un musicien, en zigzaguant entre les maisons sur un des chemins en béton qui sillonnent l’île.

 

La nuit tombe, nous discutons en créole sur son balcon (presque personne ne parle plus le Rama). Puis il sort sa guitare et nous commençons à jouer. La nuit tombe. Nous rejoignent peu à peu d’autres personnes avec leurs instruments. Au final un formidable boeuf s’improvise sur ce balcon, avec trois guitares, une chanteuse, une contrebasse mexicaine, une carapace de tortue (en percussion). Entre les larges feuilles de l’arbre à pain, on aperçoit le ciel rempli d’étoiles. Moment festif, la musique attire des curieux que l’on devine autour dans la pénombre.

Le boeuf chez Bidwell (a gauche)

le bassiste

Le lendemain, nous réunissons encore une fois le groupe pour un nouvel enregistrement. Un des guitaristes me montre sa guitare, qu’on lui a offert quand il avait 18 ans. Lui en a 65, mais la guitare est en bon état et se remet à sonner une fois les cordes tendues. Des enfants de tous âges observent des balcons alentour. Très vite l’heure du départ arrive et nous devons repartir de ce lieu unique si attachant. Et nous embarquons dans le même cayuco qui menace de se remplir à chaque vague ou de se renverser à chaque mouvement. Après deux heures de navigation, trempés et fatigués, comme dans tout retour de communauté, nous retrouvons Bluefields qui nous apparaît comme la grande ville moderne. Hum… tout est relatif.

1)La côte caraïbe du Nicaragua est composée principalement de 6 groupes ethniques:

-les mestizos (65% - mélange espagnols/indigènes) : parlent espagnol

-les miskitus (23%): parlent miskitu

-les créoles (9%- descendants des esclaves africain): parlent anglais

-les sumus (2%): parlent sumu

-garifunas (0.5% - mélange esclaves africains/indigènes): parlent garifuna

-les Ramas (700 pers.): parlent surtout anglais

Données du CIDCA datant de 1982. Manifestement, les chiffres pour les Ramas sont bien supérieurs aujourd’hui.

 

(2) Selon l’UNESCO, 200 langues ont disparu dans le monde en 3 générations, et 199 ont moins de 10 locuteurs. 80% de la population mondiale parle 83 langues, tandis qu’il en existe 300 000 parlées par seulement 0.2%. Le Rama n’est plus parlé que par 30 personnes, dont deux sur Rama Cay.

La vieille guitare

 

Enfants en train de regarder un match de base ball (l universite de Bluefields contre Rama Cay!). Notez que celle de droite a un poulet sur la tête…

Visite des parents-fevrier (suite)

6 avril 2009

Après le marché et le billard, il restait donc les deux dernières activités de Bluefields: El
Bluff et mon travail. Nous passons donc à la visite de l’Inatec, lycée technique qui héberge nos bureaux, notre atelier et nos trois turbines. Deux des turbines fournissent l’électricité de nos bureaux durant une partie de la journée. La troisième, sur la colline,  fonctionne bien mais hum… nous travaillons à la connecter à nos batteries pour utiliser son énergie. Pour le moment, elle sert surtout à faire joli.

Dans l’atelier: une génératrice de turbine, fabriquée avant mon arrivée

 ma mère et moi devant le panneau de contrôle de l’atelier. Il contient le banc de batteries et toute l’électronique permettant de contrôler les turbines: compteurs électriques, fusibles, interrupteurs, etc.

Ce jour là nous avions un travail de maintenance à faire sur une des turbines. Une bonne occasion pour une démonstration.

 Installation du palan qui sert à descendre la tour.

 

Descente de la tour. On ne voit pas les 15 personnes qui tirent sur la corde en bas pour retenir le poids de l’ensemble.

 

Démontage des pales.

 Déconnexion des fils. Les connaisseurs apprécieront la casquette…

Vue depuis le haut de l’Inatec: La baie de Bluefields, la superbe liaison électrique d’El Bluff, et la turbine fabriquée en novembre.

Visite des parents-fevrier

21 mars 2009

Fin février mes parents sont arrivés au Nicaragua pour un court séjour. J’ai pris une semaine de vacances pour l’occasion et nous sommes partis à la découverte du pays. J’ai tenté de prévoir un itinéraire permettant un aperçu de l’essentiel du pays, vu le peu de temps dont nous disposions. L’occasion de vous faire une petite visite guidée en images…

Si l’on se débrouille bien (pas comme moi),  on atterrit à Managua en avion. Managua, capitale du pays et échec remarquable d’urbanisme. Pas de centre, des quartiers résidentiels à la queue leu leu, ponctués de zones industrielles, le tout baignant dans le grondement d’une circulation fournie. Les éclairages nocturnes clairsemés donnent le soir un côté lugubre aux rues où peu de gens s’aventurent à pied.

La cathédrale de Managua tout droit sortie d’un dessin de Bilal

 

 le centre piéton

une vendeuse de tortillas et nourriture frite (bananes, poulet,beignets,…)

Bluefields

Pour arriver à Bluefields on doit traverser le pays en bus (7-8 heures 300km) jusqu’à la fin de la route: le port d’El Rama d’où on embarque en panga en suivant le Rio Escondido (la rivière cachée, un nom qui s’accorde bien au repère de pirates qu’était jadis Bluefields) jusqu’à destination.

 

Le port d’El Rama

 

Le port de Bluefields, centre névralgique des échanges avec le monde extérieur

 

La calle central (rue principale) et son cortège de taxis identiques

Bluefields, c’est petit. J’ai commencé par montrer à mes parents les principales attractions de la ville: le billard, quelques bars, le marché. Il restait ensuite plus que deux options: la plage d’El Bluff et l’Inatec où je travaille. (suite au prochain article…)